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Le rêve de l’Homme n’a-t-il pas toujours été de rester jeune et en pleine forme aussi longtemps que possible?

Retarder, autant que faire se peut, la confrontation avec la mort car elle nous inquiète un peu et c’est un euphémisme, la mort.
Jules Renard, le célèbre écrivain le disait d’une façon très élégante :

« La mort est douce, elle nous délivre de la pensée de la mort. »

Aujourd’hui, retarder cette échéance et surtout « mourir en bonne santé » ne sont plus des utopies.

Tout d’abord les progrès de la science ont permis de mieux comprendre les mécanismes du vieillissement et ce que l’on peut faire pour prévenir cette baisse de vitalité.

Étudions, en premier lieu, les causes du vieillissement.

La recherche sur le vieillissement biologique a mis en évidence des causes génétiques et biochimiques.

« The Hallmarks of Aging », une étude publiée dans la revue Cell, en 2013 donne la liste des neufs phénomènes qui vont progressivement conduire à un vieillissement des mammifères.
Dans un article intitulé « Santé et vieillissement, quelles problématiques ? »  du 16 Octobre 2020, Alexandre Faure reprend les neuf causes biologiques du vieillissement.
Les éléments cités ci-dessous sont tirés de cet article.

Cette liste étant un peu « lourde à digérer », je n’en citerai que quelques éléments parmi les plus importants.

Cause n°1 : Les lésions du génome et de l’ADN

L’ADN, l’Acide Desoxyribo Nucléique, est une chaine d’informations qui permet la fabrication du corps.
L’ensemble des informations sont regroupées dans les gènes qui forment les chromosomes.
L’ensemble des gènes est appelé le génome.
Le génome contient les informations qui permettent aux cellules de fabriquer des protéines qui sont les « briques » à partir desquelles, des tissus et des organes vont pouvoir être élaborés.
Notre organisme contient entre 25’000 et 30’000 gènes.
Toutes les informations doivent être transmises d’une cellule à l’autre lorsqu’elles se divisent.
L’ADN doit être répliqué dans sa totalité à chaque division cellulaire.
Des dommages provoqués à notre ADN peuvent se réaliser à chaque division cellulaire.
Avec le temps, ils s’accumulent et vont faire dysfonctionner ou mourir nos cellules.

Cause n°2 : Le rétrécissement des télomères

Au bout de chacune des extrémités des chromosomes, il y a un petit capuchon d’ADN appelé télomères et qui protège l’intégrité du chromosome.
Certains, ont comparé les télomères aux éléments que l’on retrouve à l’extrémité des lacets de chaussures et qui protègent ces derniers.
À chaque réplication, le télomère s’altère jusqu’à disparaître complètement.
Le maintien de télomères de longueur suffisante associé à des protéines protectrices est indispensable à la poursuite des divisions cellulaires.
Les cellules souches sont capables de réparer les télomères grâce à un système enzymatique, la télomèrase.
La réactivation de la télomèrase chez des souris a permis d’allonger leurs télomères.

Cause n°3 : Le dysfonctionnement des mitochondries

Les mitochondries sont les centrales énergétiques des cellules. Elles produisent 90 % de l’énergie dont les cellules, les tissus et les organes ont besoin.
Les mitochondries contiennent leurs propres gènes, l’ADN mitochondrial.
Les mitochondries produisent des déchets, des radicaux libres, qui agissent sur l’ADN mitochondrial et les protéines.
Avec le vieillissement, le mécanisme de nettoyage de ces déchets, appelé l’autophagie, ne fonctionne plus aussi bien.

Il existe une théorie mitochondriale du vieillissement selon laquelle l’altération des mitochondries provoque l’apparition de signes cliniques observés lors du vieillissement normal : pertes de mémoire, baisse de l’ouïe, de la vue, de la force musculaire, etc.

Cause n°4 : la sénescence des cellules

On nomme apoptose (ou mort cellulaire programmée, ou suicide cellulaire) le processus par lequel des cellules déclenchent leur autodestruction en réponse à un signal.
C’est une mort cellulaire physiologique, génétiquement programmée, nécessaire à la survie des organismes pluricellulaires.
Elle est en équilibre constant avec la prolifération cellulaire.
Les cellules sénescentes peuvent être détruites par le système immunitaire mais ce mécanisme se ralentit avec l’âge.

Cause n°5 : L’épuisement des cellules souches

Les cellules souches sont capables d’engendrer les cellules de base de n’importe quel organe.
Elles sont stockées dans l’organisme et sont utilisées quand un besoin se fait sentir.
Chez certains animaux, comme les lézards, elles permettent la régénération d’un membre.
Certains organes ne contiennent pas de cellules souches et ne sont pas en mesure de se remettre d’aplomb en cas de problème. C’est le cas du cœur et du pancréas.
En vieillissant, notre organisme conserve moins bien les cellules souches.
La diminution des cellules souches accélère la dégradation des tissus.

Après ce rapide survol des différentes causes du vieillissement, venons-en à ce que l’on peut faire pour freiner, stopper cette évolution et même, il n’est pas interdit de rêver, de rajeunir dans certains cas.

À ce titre, quels sont les éléments susceptibles, de réaliser ce rêve ?

Les clés du « bien vieillir » c’est avant tout l’hygiène de vie physique et mentale et les trois conditions pour ce faire sont :

  • l’alimentation, élément fondamental puisque c’est le carburant de notre organisme,
  • une activité physique adéquate, nous y reviendrons ultérieurement et
  • une activité mentale dans un tissu social.

À cela, on peut ajouter des compléments alimentaires et des plantes qui ne nous ont pas encore révélés tous leurs secrets.
Beaucoup de ces derniers et dernières, ont pour but une activation de la télomèrase, une enzyme (ADN polymerase ARN dépendante) qui lors de la réplication de l’ADN permet de conserver la longueur du chromosome en ajoutant une structure spécifique à chaque extrémité, le télomère.

La télomèrase, comme nous l’avons déjà vu, permet également, avec les cellules souches, de réparer les télomères.
Nous allons y revenir dans les paragraphes suivants.

Pour ce qui est de l’alimentation, je ferai référence à ce que j’ai écrit dans le chapitre de « la mauvaise alimentation et le système immunitaire » et en particulier aux recommandations très pertinentes du Professeur Hiromi Shinia.
Dans le même ordre d’idées, il n’est pas inutile de rappeler que le jeûne thérapeutique booste les capacités régénératives des cellules souches indispensables pour remettre en état les télomères.

En ce qui concerne les compléments alimentaires naturels, sans vouloir en donner une liste exhaustive citons :

  • Le Fucoïdane, extrait de Laminaria Japonica, algue brune qui fait partie, depuis l’Antiquité, de l’alimentation de la population d’Okinawa connue pour avoir le taux de cancers le plus bas du Japon et une des plus longues espérances de vie.
    Le Fucoïdane est un polysaccharide, il active le système immunitaire.
    Des macrophages traités avec du fucoïdane montrent une activité anti-tumorale plus importante, une phagocytose augmentée, une production accrue de TNF alpha et d’interleukine 6.
    Le Fucoïdane augmente également le nombre de cellules NK (natural killer) et stimule l’apoptose des cellules cancéreuses.
    Il active aussi la production de cellules souches fondamentales pour réparer les dégâts du vieillissement.
    Il a, en outre, une activité anti-oxydante et anti-inflammatoire importante.   
    Cette algue nous montre toute sa panoplie d’effets protecteurs et réparateurs qui sont remarquables.
  • Les Catéchines, composés de flavonoïdes, comme le Thé vert et les Anthocyanidines, pigments naturels des fruits et légumes, sous classes de flavonoïdes, sont des antioxydants particulièrement efficaces et sont également des activateurs de cellules souches.
  • L’Astragaloside IV, extrait de la racine d’Astragale contribue à soutenir les défenses naturelles de l’organisme, aide à la production de cellules souches.
    Elle réactive la télomèrase.
    Elle participe à protéger les tissus contre le stress oxydatif et joue un rôle très actif dans le rajeunissement cutané.
    C’est le produit qui est plus étudié par les chercheurs chinois et européens de la cosmétique.
    Dans ce domaine, il existe bien d’autres plantes qui sont l’objet de grandes recherches et qui semblent encore plus actives que l’Astragale.
  • Citons encore, la Silymarine, extrait du Chardon Marie, protecteur des cellules du foie qui est également un « activateur de télomèrase » et l’Aspirine à bas dosage qui est un extrait de l’écorce de saule.

Parmi les compléments moléculaires naturels que l’on peut trouver dans les bonnes pharmacies, je citerai :

  • La L-Carnosine, un dipeptide composé de deux acides aminés, la bêta-alanine et l’histidine qui est un chélateur bien connu et qui possède, à ce titre, une action détoxifiante et anti-oxydante.
    Elle nous protège également de la glycation, un des mécanismes du vieillissement qui correspond à une sorte de « caramélisation » des protéines.
    La L-Carnosine, présente dans l’organisme au niveau du cœur, des muscles et du cerveau, réagit avec les sucres pour former de la carnosine glyquée, non toxique et rapidement éliminée par l’organisme.
    À ce titre, elle est souvent appelée « l’ange gardien de la longévité ».
  • La NADH, nicotinamide adénine dinucléotide est une co-enzyme présente dans toutes les cellules vivantes.
    Elle augmente l’énergie dans les cellules, répare l’ADN altéré, répare les cellules endommagées et renforce le système immunitaire.
  • La Quercétine qui est un pigment appartenant à la famille des flavonoïdes, comme les catéchines ou les anthocyanidines.
    Il existe plus de 4000 pigments dans la nature.
    La Quercétine est un anti-oxydant majeur, elle est anti-allergique, anti-inflammatoire et cardio-protectrice.
    Elle se retrouve beaucoup dans les câpres, dans les oignons rouges, le sureau noir et le chocolat noir.

La liste des produits anti-inflammatoires et antioxydants qui protègent notre organisme est encore très longue et il faudrait y consacrer un ouvrage entier.

Le deuxième pilier du « bien-vieillir » est l’activité physique :

De très nombreuses études, en particulier une, publiée en 2008 dans Arch Intern Med par Lynn F Cherkas and all, intitulée « The association between physical activity in leisure time and leukocyte telomere length », ont démontré l’importance de l’activité physique.
L’étude sus-mentionnée met en évidence que l’activité physique est positivement associée avec une augmentation de la longueur des télomères des leucocytes.
Celle-ci était augmentée de 200 nucléotides chez les sujets les plus actifs par rapport à celle des sujets les moins actifs.

L’activité physique participe également à améliorer l’oxygénation des cellules, à développer une meilleure circulation notamment au niveau du cœur, à stimuler le système immunitaire et à favoriser une meilleure production hormonale.
Ceci est fondamental dans le vieillissement.
La ménopause comme l’andropause est la conséquence d’une baisse hormonale qui comme chacun le sait conduit à une baisse de l’activité, fréquemment une prise de poids, une ostéoporose, moins d’élan pour découvrir de nouveaux horizons voir une certaine dépression.
L’activité physique permet de corriger une bonne partie de ces symptômes par la production en particulier de testostérone tout aussi importante chez la femme que chez l’homme.
La complémentation de certaines hormones, en plus de l’activité physique n’est d’ailleurs pas à négliger.
J’ai, à ce titre, fréquemment conseillé à mes patients, de prendre de la DHEA précurseur de toutes les hormones sexuelles et anti-âge remarquable.
On peut lui associer de la Pregnenolone, précurseur chimique naturel de l’ensemble des hormones stéroïdiennes et qui a une très bonne action sur la mémoire.

Le troisième élément du tryptique du bien vieillir est une activité mentale dans un tissu social.

Si, encore une fois, de nombreuses études ont démontré les bienfaits de l’exercice physique, de l’exercice aérobie, une étude de l’université du Texas a mis en évidence que un entrainement cérébral régulier était également indispensable pour stimuler les fonctions cognitives comme la prise de décision, la capacité de synthèse ou la mise en perspective.
Pour réaliser cette étude, 36 adultes âgés de 56 à 65 ans ont été divisés en deux groupes.
Le premier a effectué différents exercices physiques, comme la marche rapide ou le vélo et ce pendant 3 heures/semaine et durant 3 mois.
Le second groupe, a suivi au même rythme et durant la même période, un programme d’entrainement cérébral pour faire travailler la capacité d’attention, de synthèse, de raisonnement et de prise de décision.

Les chercheurs ont ensuite, grâce à des IRM, évalué l’afflux sanguins dans les cerveaux des volontaires en début et en fin d’étude.
Leurs conclusions établissent clairement que l’afflux sanguin est nettement plus important chez les participants du groupe « exercices cognitif », jusqu’à 8% de plus que le groupe « aérobie ».

Mark D’Esposito, professeur de neuroscience et co-auteur de cette étude précise : « Nous pouvons perdre 1% à 2% de flux sanguine cérébral tous les 10 ans et ce, dès l’âge de 20 ans.
Ce 8% chez les personnes du deuxième groupe prouve à quel point on peut récupérer des années de déclin cognitif puisque le flux sanguin est lié à la santé neuronale ».

Pour les chercheurs, le fait de rester concentré sur un objectif et exercer des tâches de raisonnement crée une plasticité neuronale, ce qui n’est pas le cas pour le sport.

Il a été remarqué une autre particularité dans le groupe pratiquant l’aérobie, c’est le fait que chez eux, l’afflux sanguin s’est révélé plus important au niveau de l’hippocampe, zone du cerveau liée à la mémoire particulièrement vulnérable au vieillissement.

Pour conclure, les différentes études nous amènent à penser que les deux approches tant psychiques que physiques sont nécessaires pour maintenir son cerveau en bonne santé tout en vieillissant.